"Le racisme anti-Roms et la haine des marges" Les valeurs de la République de la Plateforme Canopé
La plateforme Canopé explique à travers des textes et des vidéos le racisme anti-Roms.
Le racisme anti-Roms et la haine des marges
Le racisme anti-Roms vise une population appréhendée sous le terme de « Roms » (« Hommes » en langue romani). En 1971, une organisation non gouvernementale (ONG), l’Union romani internationale (Iru), a choisi le vocable « Roms » (ou « Rroms ») pour désigner sous un terme unique des populations nomades de mêmes origines et de culture commune. En France, ce terme fait référence à des populations migrantes et majoritairement originaires d’Europe de l’Est (parmi lesquelles des ressortissants de l’Union européenne, notamment bulgares ou roumains). Elles forment la majeure partie de ce que l’administration nomme les « populations des campements », et sont à distinguer des « Gens du voyage », autre catégorie administrative dans laquelle se retrouvent notamment des populations nomades de même origine que les Roms, mais implantées en France depuis plusieurs générations.
Une implantation européenne très ancienne
Les Roms sont un peuple d’origine indienne, venue s’installer en Europe à partir de la vallée du Gange, au cours du Moyen Âge, il y a près de 800 ans. Ils forment aujourd’hui une minorité de 10 à 12 millions de personnes qui, en dépit de la mise en avant d’une « nation Rom », connaît une grande diversité linguistique, religieuse (catholicisme, orthodoxie, islam…) et sociale.
Si le nomadisme a constitué un trait culturel ancestral de ces populations, on estime aujourd’hui, en Europe, que la très grande majorité des Roms est sédentaire. En France, certaines ONG évaluent la proportion de Roms sédentarisés à deux tiers. En dépit de cette réalité, l’image du nomadisme demeure répandue, en raison de la place de la mobilité dans leur histoire, au gré des nécessités économiques et politiques.
Fantasmes et stéréotypes
La culture des Roms, leurs modes de subsistance, leurs installations à la périphérie des villes ont longtemps nourri les fantasmes et les croyances populaires. Leurs déplacements ont renforcé l’idée d’un peuple marginal, insaisissable, spécialisé dans les petits métiers de l’artisanat et du commerce, mais aussi dans certaines curiosités de rue (musique, montreurs d’ours…). La méconnaissance de cette culture orale, observée avec méfiance par une société toujours plus urbaine, se reflète dans les incertitudes liées au choix des termes pour les nommer : Gitans, Tsiganes, Bohémiens, Sinté, Manouches, Romanichels…
Leur mode de vie, souvent associé au vagabondage, a ancré durablement stéréotypes et préjugés les concernant, dont celui de l’insécurité liée à la mendicité et à l’image d’oisiveté.
Contrôle et répression
Cette minorité, en raison notamment de son caractère fluctuant et mouvant par-delà les frontières, a vécu de nombreuses discriminations et subi des politiques de répression au cours de l’histoire.
Au-delà des réactions d’hostilité des riverains résidant près des rassemblements, on évoquera les tentatives de contrôle par les États. En 1912, la République française impose par exemple aux populations itinérantes, par la voie d’une loi, un carnet anthropométrique d’identité : obligatoire pour les individus de plus de 13 ans, il contient de nombreuses informations physiques et permet à l’administration d’exercer une surveillance en consignant les déplacements. Ce carnet sera remplacé en 1969 par des « titres de circulation », dont une loi demandant la suppression a été adoptée en première lecture en juin 2015.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Tsiganes connaissent la persécution raciale. Des dizaines de milliers d’entre eux sont exterminées dans les territoires occupés par les Allemands. Des milliers d’autres meurent assassinés dans les centres de mise à mort en Pologne (notamment à Auschwitz). D’autres encore sont internés dans des prisons et des camps, comme en France, ou astreints au travail forcé. Les historiens estiment que 200 000 Tsiganes ont disparu pendant la guerre.
Dans les pays communistes, dans l’après-guerre, les Roms sont sédentarisés de force. Ils occupent des emplois subalternes dans les usines ou les fermes d’État.
Situations précaires
L’écroulement du communisme à l’Est de l’Europe, l’ouverture des frontières et la crise économique ont encouragé les déplacements vers les pays d’Europe occidentale. Ces nouvelles arrivées, notamment en provenance de Roumanie et de Bulgarie, ont suscité des frictions avec les populations locales, réactivant de vieux stéréotypes sur la base de réalités sociales difficiles (déscolarisation des enfants, mendicité…). L’installation de campements sur un territoire ne va pas sans poser des problèmes d’hygiène et de sécurité. Les difficultés rencontrées ont pu donner lieu à des déclarations agressives, voire racistes, d’élus locaux devant gérer la présence de campements sur leur commune.
Souvent relégués à l’extérieur des villes, dans des bidonvilles reconstitués, de nombreux Roms vivent dans des situations précaires. Expulsions et programmes d’intégration, par l’emploi, l’habitat et la scolarisation, constituent les deux versants de l’attitude des pouvoirs publics à leur égard.
En Europe de l’Est, le racisme anti-Roms constitue un positionnement récurrent des partis nationaux-populistes.